Partir pour se construire.
Voilà un beau paradoxe. Enfin, ce qui paraît être un paradoxe; mais en fait cela n’en est pas.
La Bible nous offre multiple textes pour nous guider ; tout particulièrement dans notre quête de sens. Dans l’Ancien Testament déjà, dans la Genèse, il est question de départ (Gn 3, 23). Un départ obligé, où l’homme et la femme (Adam et Ève) vont être dans une situation de découverte d’eux-même, et seront amenés à tout construire.
Noé, lui, avec ses enfants vont être obligés de construire pour partir. mais durant leur périple, ils se sont construit autrement. Ils ont changé. Et après leur périple, ils doivent reconstruire, tout reconstruire.
L’aventure qu’Abram a vécu n’est pas banale. Dieu ne le chasse pas d’où il se trouve, lui; mais Il lui demande de partir. Partir pour aller dans un ailleurs, pour une mission de construction là aussi. Il se retrouve face à lui-même et face aux autres. Il doit tout reconsidérer pour mieux maîtriser les situations qu’il vit. Il devient un tout autre. Il n’est plus le même que lorsqu’il était dans la pays de sa famille. Il a été beaucoup en mouvement. S’il n’était pas parti, sa vie intérieure n’aurait pas pris cette ampleur.
Nous sommes tous amenés à partir nous aussi. Partir pour revenir. Et quand nous revenons nous sommes autre. Nous ne revenons jamais indemne d’où nous avons construit de nous même. C’est ce qui fait que nous évoluons. Il n’y a point de paradoxe de se mettre en mouvement pour mieux se découvrir et mieux se construire. Mais nous ne faisons pas que nous construire. A notre tour nous pouvons participer à la construction d’une autre personne. En effet, d’une manière cyclique, nous reproduisons ce qui précédemment nous a été bénéfique. En cela que nos progénitures profitent de ce que nous leur transmettons, de la même manière que nous avons profité de ce que nos parents nous ont transmis, et leurs parents pour eux-même. Nous pourrions remonter aussi loin que possible. Nous rencontrerions sûrement Abraham, Noé, et peut-être même avant eux Adam et Ève. Nous retrouverions toujours le même phénomène de mise en mouvement, de construction et de transmission.
Il est impossible à l’homme de se construire sans se mettre en mouvement et se retrouver face à lui-même. Il ne peut devenir lui-même s’il ne se découvre pas, en même temps qu’il découvre ce que sont les autres ailleurs que ce qu’il a toujours connu. Il trouvera toujours les ressources pour devenir, s’il accepte de changer, aussi bien de lieu qu’au fond de lui. Il a besoin de se renouveler pour durer. Il a besoin de se renouveler pour maturer. Il a besoin d’étendre son champs de vision pour prendre de l’ampleur dans son être. S’il ne change pas il ne peut rien transmettre. S’il ne transmet rien, le cycle s’interrompt avec lui.
Partir c’est grandir et se construire. Rester restreint considérablement la cognition et donc sa propre expansion intérieure. L’homme ne peut se construire sans se mettre en mouvement; c’est ce qui le nourrit et favorise sa maturation. Il faut accepter l’ailleurs pour se construire.
Camille